Société

L'oenotourisme, nouvelle tendance pour voyager intelligent (Texte adapté)

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Parlez d’œnotourisme autour de vous et observez: une bonne moitié de vos interlocuteurs vous fera répéter ou vous regardera avec des yeux ronds. C’est dire si la notoriété de cette activité est encore balbutiante.

La Route des vins de Bourgogne existe depuis les années 1970, celle des vins d’Alsace depuis 1953. Mais, en France, le tourisme viticole ne connaît de réel développement que depuis environ cinq ans. La filière vitivinicole française, globalement en crise, semble avoir pris conscience des multiples avantages de l’œnotourisme : augmentation des ventes en direct à la propriété, diversification des sources de revenu et fidélisation du client. Pour un pays comme le nôtre, qui voit passer 76 millions de touristes chaque année, c’est un marché énorme à prendre. On estime l’estime potentiellement à 7 millions de personnes!

Séjours thématiques dans le Bordelais

Jean-Michel Cazes, propriétaire du grand cru classé de Lynch Bages, à Pauillac, n’a d’ailleurs pas attendu cette évaluation pour développer « Bordeaux Saveurs » dès 1989, une entité regroupant notamment un Relais & Châteaux, une école du vin, une école de cuisine, une agence de voyage spécialisée dans les séjours thématiques autour du vin et le village de Bages. L’homme a compris qu’il devait replacer le produit dans son environnement et le croiser avec d’autres univers comme la gastronomie ou l’art.
Faire du vin un produit vivant, enraciné dans un terroir auquel le visiteur va s’attacher, et non plus un produit manufacturé banal et indistinct… Associer art contemporain et vin, c’est aussi la démarche de Philippe Raoux, dont le Château d’Arsac est désormais un musée à ciel ouvert abritant les oeuvres de Niki de Saint Phalle et d’autres artistes de renom.  Un concept qui a fait des émules. Cet été dans le Var, dans le cadre de la 9e édition d’Art et Vin, 61 caves accueilleront chacune les oeuvres d’un artiste. Mais Philippe Raoux a toujours un temps d’avance. Il vient donc d’ouvrir la Winery, un complexe œnotouristique d’envergure posé à l’entrée du Médoc sur un parc de 26 hectares. L’édifice propose 2 000 références de vins français et étrangers dans sa boutique, un restaurant « bistronomique », un auditorium et des spectacles gratuits en plein air.

La Winery | Bordeaux | Philippe Raoux
« C’est un formidable outil marketing et de fidélisation, reconnaît le fondateur. Notre but premier n’est pas de vendre immédiatement, sur place, mais d’alimenter notre fichier clients, de trouver les goûts de chacun pour qu’il se tourne ensuite vers l’un de nos canaux de vente. » Une initiative privée qui ne l’empêche pas de travailler main dans la main avec les offices, comités régionaux et départementaux du tourisme qui ont tous engagé des actions concrètes en partenariat avec les comités interprofessionnels de leur région respective.

Le soutien des offices et de l’interprofession

L’office du tourisme de Bordeaux propose sept circuits clés en main. En même temps que la création de deux postes dédiés à l’œnotourisme il y a trois ans, l’office bordelais s’est aussi doté d’un comptoir spécifique pour aider les visiteurs à construire leurs vacances dans les vignes. La plupart des régions, de même que les comités interprofessionnels du vin, développent circuits, guides, chartes d’accueil. Le comité interprofessionnel des vins de Bourgogne a lui aussi édité une carte de la Route des vins recensant, au dos, les 300 membres adhérents à la « charte d’accueil de Vignes en caves ».
Autant d’initiatives nécessaires, mais certainement pas suffisantes pour attirer une clientèle toujours avide d’originalité. « Les gens nous demandent souvent des produits qui n’existent pas encore », souligne André Deyrieux, créateur du premier site consacré à l’oenotourisme – winetourisminfrance.com – qui enregistre 1 000 visiteurs par jour.
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Partagez vos expériences! Vous avez visité le vignoble de Bordeaux récemment? Nous recueillons volontiers vos témoignages. Vous pouvez également consulter les avis laissés par les « oenotouristes » sur la page « Témoignages et revue de presse » de BDTours.