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Coronavirus: aubaine du nationalisme?

À la propagation du coronavirus s’ajoute une recrudescence d’actes et de propos racistes. Des partis politiques en Europe et en Suisse reprennent le virus à des fins politiques, invitant à renforcer le contrôle des frontières et des flux migratoires.

Les fausses informations autour du coronavirus et de son impact se sont répandues à une vitesse éclair au cours des dernières semaines. Face aux craintes, des écoles sont fermées, des vols annulés. Les démonstrations de racisme sont elles-aussi en augmentation. En Italie, des touristes chinois se sont fait cracher dessus à Venise, selon des informations de presse. Une vidéo tournée dans le métro New Yorkais montre l’agression d’une dame portant un masque.

En Italie, des mamans de Milan ont appelé sur des réseaux sociaux à rester éloigné des enfants et des commerces chinois. En Malaisie, près de 500’000 personnes ont signé en une semaine une pétition pour «empêcher les Chinois d’entrer dans notre pays bien-aimé».

Le retour des frontières

De concorde avec la panique sanitaire, les partis politiques nationalistes Européens renforcent l’angoisse provoquée par les flux migratoires. En France, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a fustigé un manque de mesures pour lutter contre le coronavirus ce mardi sur BFMTV et a demandé un contrôle accru des frontières.

Au micro de France Inter, Marine Le Pen a condamné le «sans-frontiérisme» des dirigeants de l’Union européenne face au Coronavirus (KEYSTONE)

En Italie, Matteo Salvini, le secrétaire du parti d’extrême droite (La Ligue du Nord) a critiqué le manque d’efficacité et de renforcement des frontières du gouvernement face au virus. Il prend pour cible le navire de secours au migrant Ocean Viking, accosté au port de de Pozzallo en Sicile avec 276 migrants à son bord. Norbert Hofer, le chef du Parti de la liberté en Autriche a lui aussi exigé des mesures aux frontières. En Suisse, l’annonce d’une flambée de cas en Italie a fait l’objet d’une récupération politique. L’Union Démocratique du Centre s’est empressée de renforcer son discours en prescrivant « des contrôle rigoureux aux frontières».

Précaution sans psychose

« Pour chaque épidémie au cours de l’histoire humaine, nous avons tenté d’incriminer certaines catégories de population », explique observe Rob Grenfell, le directeur de la santé et de la biosécurité au CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation), un organisme public australien de recherche scientifique (ats). Pour Karim Boubaker, médecin cantonal vaudois, «vouloir fermer les frontières est illusoire», suggérant que les pouvoirs publics ont davantage intérêt à ne pas confondre précaution et psychose. Rémi Godeau, rédacteur en chef de L’Opinion appelle à «la responsabilité et la mesure» dans les discours autour du coronavirus, pour que le contrôle maîtrisé ne tourne pas au blocage des pays, et que les réponses sanitaires ne se transforment pas en manipulation idéologique.

Louis Viladent

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