Société

La fin du Binz, Zürich en mal de culture alternative

Le squat Binz autogéré doit quitter un site pour un projet immobilier pensé par un proche de Blocher. Une disparition de trop qui lèse l’image d’un héritage alternatif.

La famille Schoch au grand complet
La famille Schoch au grand complet

La décision est tombée: le centre Binz, situé au pied de l’Uetliberg, un quartier sud de Zürich fermera ses portes dans deux semaines. Les occupants, connue sous le nom de la « famille Schoch », une cinquantaine de résidents âgés de 2 à 68 ans, artistes, artisans, personnes sans emploi, fonctionnaires ou étudiants doivent plier leurs bagages d’ici à la fin mai.
Ce lieu alternatif qui jouissait d’un art de vivre « sans profit, selon lequel « marketing et ordre ne sont pas de priorités », représentait  l’héritage des grandes heures de la scène alternative et aux yeux de ses occupants un lieu de création où l’énergie foisonne, dans une ville qui dénombre encore aujourd’hui une trentaine de squats autorisés.
Le canton, propriétaire du terrain, l’a confié à une fondation bâloise, Abendrot, engagée dans des projets sociaux. Son projet immobilier: des studios destinés à 350 étudiants ou à des employés de l’hôpital universitaire.
UDC contre socialistes
Cette simple mutation immobilière aurait pu se dérouler sans embûche si l’idée de la mutation de ce lieu n’émanait de Werner Hoffmann, homme d’affaires, membre de l’UDC et proche de Christoph Blocher. Les occupants dénoncent l’emprise des adeptes de la spéculation » sur des projets à vocation sociale. Werner Hofmann avait transformé la destinée d’un autre squat en hôtel de luxe, confié à un investisseur du Qatar.
Avec cette polémique, s’ensuit un dialogue de sourd entre la Fondation Abendrot et les occupants du Binz. L’image de Zürich dirigée par la maire socialiste Corine Mauch, qui affichait le vœu de faire de sa ville une cité qui trouve son pouls ailleurs que dans la finance s’en trouve ternie.  A l’approche du 30 mai, les résidents du Binz restent très évasifs quant au devenir du Binz. Ils ne peuvent plus compter sur le soutien des autorités de la ville, depuis la soirée de soutien du 2 mars qui a dégénéré en actes de vandalisme causant près d’un million de francs de dégâts.
Aujourd’hui, même dirigée par la gauche, Zürich consacre de moins en moins d’espace aux lieux de création alternative, qui garantissent à une grande ville l’hétérogénéité de son art de vivre. La ville économique de Suisse serait-elle, elle aussi, touchée par le « syndrome de Singapour »: une ville riche mais où tout devient très étroit.
EN AUDIO
Des occupants parlent de leur squat, le Binz (interview de Jo Fahy, World Radio Switzerland – en anglais)