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L’oenotourisme se réinvente en France
En retard sur ses concurrents étrangers, comme l’Italie, le tourisme du vin se développe fortement en France. Concepts innovants, ouverture sur l’art contemporain et la gastronomie, circuits à thèmes… les nouvelles initiatives sont nombreuses. Quelques suggestions.
 
Le village ressuscité
Jean-Michel Cazes, propriétaire du grand cru classé de Lynch Bages, à Pauillac, développe depuis 1989 Bordeaux Saveurs. Cette entité groupe  notamment le Relais & Châteaux de Cordeillan-Bages, aujourd’hui dirigé par Thierry Marx, l’École du vin, une école de cuisine, une agence de voyage spécialisée dans les séjours thématiques autour du vin (golf et vin, architecture et vin) et le village de Bages.
Une ruine il y a encore deux ans, Bages compte aujourd’hui une boulangerie, un café-brasserie, des maisons d’habitation, des ateliers d’artistes contemporains et devrait compter prochainement une salle de cinéma et une médiathèque traitant de l’aspect culturel du vin…Au-delà de sa passion pour les vieilles pierres, l’homme a compris qu’il devait replacer le produit dans son environnement et le croiser avec d’autres univers comme la gastronomie ou l’art. Faire du vin un produit vivant, enraciné dans un terroir auquel le visiteur va s’attacher, et non plus un produit manufacturé aussi banal et indistinct qu’un gel douche…
 
L’ambitieuse Winery
Associer art contemporain et vin, c’est aussi la démarche de Philippe Raoux, dont le Château d’Arsac est désormais un musée à ciel ouvert abritant les oeuvres de Niki de Saint Phalle, Bernard Pagès ou Jean-Paul Raynaud. Un concept novateur en 1986, quand l’homme a racheté la propriété, mais qui a, depuis, fait des émules. Cet été dans le Var, par exemple, dans le cadre de la 9e édition d’Art et Vin, 61 caves particulières accueilleront chacune les oeuvres d’un artiste.
Mais Philippe Raoux a toujours un temps d’avance. Il vient donc d’ouvrir la Winery , un complexe oenotouristique d’envergure posé à l’entrée du Médoc sur un parc de 26 hectares. L’édifice en verre propose 2 000 références de vins français et étrangers dans sa boutique, un restaurant « bistronomique », des paniers pique-nique, un auditorium et des spectacles gratuits en plein air. Les visiteurs peuvent aussi prendre connaissance de leur « signe oenologique » (sur rendez-vous, 15 eur ), via une séance de dégustation de six vins à l’aveugle accompagnée de dix questions, censée déterminer leur caractère « esthète », « gourmand », « sensuel ».
 
Un superoffice des vins
C’est ainsi que le Château d’Arsac (Médoc) se retrouve inclus dans le circuit « Art et Vin, itinéraire d’un amateur en Médoc », l’un des sept circuits clefs en main proposés par l’office du tourisme de Bordeaux, auxquels les plus grands noms de la région sont associés, du Château Smith Haut-Lafitte à Pape-Clément ou Carbonnieux. En même temps que la création de deux postes dédiés à l’oenotourisme il y a trois ans, l’office bordelais s’est aussi doté d’un comptoir spécifique pour aider les visiteurs à construire leurs vacances dans les vignes.
La plupart des régions, de même que les comités interprofessionnels du vin, développent circuits, guides, chartes d’accueil. Ainsi, Inter Rhône vient de publier le guide Tourisme et vignoble en vallée du Rhône (3 eur ) qui recense les 421 caveaux adhérents à sa charte « Côtes du Rhône, terroirs d’accueil ». Présence de points d’eau, de verres propres, de toilettes, mais aussi d’une solution d’hébergement ou de restauration sont mentionnés. Une base de données complète que l’on peut retrouver sur leur site Internet. Le comité interprofessionnel des vins de Bourgogne a lui aussi édité une carte de la Route des vins recensant, au dos, les 300 membres adhérents à la charte d’accueil de Vignes en caves. Autant d’initiatives nécessaires, mais certainement pas suffisantes pour attirer une clientèle toujours avide d’originalité.
« Les gens nous demandent souvent des produits qui n’existent pas encore », souligne André Deyrieux, créateur du premier site consacré à l’oenotourisme qui enregistre déjà 1 000 visiteurs par jour, moins d’un an après son lancement.